Pour rester dans la série "Internet", laissez moi vous conter l'histoire d'une dépêche d'agence reprise par le site Liberation.fr, Mardi 3 Juin.
Cette dépêche relate les faits qui conduisent deux hommes à comparaitre devant le tribunal correctionnel de Rouen pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation des crimes et délits d'enlèvement et de séquestration".
Outre l'histoire en elle même, plutôt sordide, je suis choqué par le titre de l'article : "Deux internautes jugés jeudi pour avoir projeté l'enlèvement d'une fillette".
Pourquoi "Deux internautes" ? Est-ce le métier de ces deux hommes ? Non ! L'un est peintre en batiment et l'autre technicien en télécommunications. Pourquoi donc insister de cette manière sur ce qui n'a été qu'un outil dans la préparation du supposé crime?
Pourquoi ne pas titrer "Deux hommes" ou "Deux pervers sadiques" ou même "Deux cons" ?
Parce que Internet, c'est le mal. Le gouvernement (par la bouche du président ou de Nadine Morano) ne se lasse pas de répéter qu'Internet est un problème, que c'est un nid de terroristes, de pervers pédophiles et de pirates informatiques. De son coté, la presse traditionnelle n'oublie jamais de dire que si Internet n'existait pas, elle aurait plus de lecteurs, que les sites gratuits lui "volent" des clients potentiels.
Alors, taper sur Internet, consciemment ou pas, ce n'est pas si grave. En fait, c'est même bien, l'auteur de cet article devrait être récompensé.
Je suis d'ailleurs surpris que notre presse bien pensante n'ait pas repris cette information qui aurait démontrée, une fois de plus, qu'on doit surveiller Internet, tant le nombre de criminels qui y circulent est fort.
Mais surveiller Internet, conserver les données, c'est s'introduire dans la vie privée de gens qui ne sont absolument pas des criminels, c'est a dire l'écrasante majorité des utilisateurs de ce reseau. Et là, on touche à un droit fondamental (je suis très remonté là dessus, j'ai même fait un billet sur le sujet ailleurs).
Alors, faites comme moi, soyez choqués quand un quotidien dit "de qualité" fait une accroche puante sur le méchant Internet qui est la source de tous les maux de notre société. N'en faites pas un fromage non plus, mais gardez en tête que la sauvegarde de nos droits ne passe pas seulement par la défense des retraites ou celle du pouvoir d'achat. Elle passe aussi par la défense de droits que nous tenons pour acquis (comme les 13e mois dans certaines entreprises) mais qui peuvent s'envoler au détour d'une loi ou, plus bêtement, au hasard d'une réforme constitutionnelle...
P.S. du 6 Juin : Le Figaro.fr, site de qualité d'un journal de qualité (enfin, c'est ce qui se dit...) en rajoute une couche aujourd'hui même en publiant sur son site un article titré "Dix ans requis contre les deux internautes pédophiles", ce qui est tout de même quand on sait que ces deux hommes sont jugés sur la base d'un crime pas encore commis.
Photo : Matt Britt - Wikipedia Commons sous licence CC BY-2.5
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mercredi 4 juin 2008
Internet, c'est le Mal !
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3 commentaires:
Encore un blog subversif...
@Nicolas
Et totalement assumé :-)
On dit "internetçaylemal", je crois mais c'est vrai que ça pue ce genre d'accroche, mais ça illustre bien des préjugés faciles et des idées simplistes.
Internet n'est que le médium, il succède dans le rôle du bouc émissaire au rock, rap, films fantastisues, horreurs et autres et au jeu vidéo.
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